L’Outcrossing chez le Maine Coon
Un chat dit « outcross » est un chat issus d’un mélange de nouvelles et d’anciennes lignées ou autrement dit de lignées de fondations et de lignées traditionnelles.
Pour être considéré comme Outcross un chat doit présenter:50% ou moins des top 5
- 50% ou moins des top 5
- 35% ou moins des top 3
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25% ou moins des top 2
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20% ou moins des clones
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10% ou moins de consanguinité
Le mélange d’anciennes et de nouvelles lignées permet de renouveler le sang mais aussi de travailler le type.
Le Maine Coon, comme toutes les races d’animaux domestiques (chat, chien, chevaux… etc) créées par l’homme, est issu de mariages de chats sélectionnés pour certains caractères morphologiques, afin de fixer un type (sans lequel il serait impossible d’établir un standard de la race).
Parmi les quelques 200 chats sélectionnés au départ pour créer la race du Maine Coon, certains chats ont été plus utilisés que d’autres, pour les qualités évidentes qu’ils transmettaient à leurs chatons. Cette sélection à partir de quelques chats (au détriment d’autres qui ont petit à petit été écartés de la reproduction), a constitué la base du Maine Coon.
Ce sont les chats dits fondateurs de la race, les fameux « Top 5 », qui ont marqué durablement de leur empreinte les lignées de Maine Coons que nous connaissons et apprécions actuellement.
Les voici, par ordre d’importance de fréquence dans nos pedigrees actuels :
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Andy Katt of Heidi Ho (environ 20%)
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Bridget Katt of Heidi Ho (20%)
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Dauphin de France of Tati Tan (15%)
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Tatiana of Tati Tan (8%)
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Smokie Joe of Whittemore (environ 7%)
Ces 5 chats représentent donc à eux seuls environ 70% du pedigree de nos Maine Coons actuels.
A la fin des années 70, un couple mythique, Heidi Ho Sonkey Bill et Tanstaafl Polly Adeline, va parachever le look du Maine Coon, produisant une descendance très homogène sur le plan morphologique et particulièrement spectaculaire, en fixant l’aspect sauvage qui a fait le succès de ce chat.
Ces chatons, appelés dans le jargon des éleveurs de Maine Coon, les « Clones » (car ils étaient parfaitement semblables : 91% de Top5 !), forts de leur succès en expositions félines, ont alors été introduits dans la plupart des plans d’élevage des années 80 (ils représentent actuellement environ 40% des pedigrees de nos chats). Cette omniprésence de quelques chats, très typés et plébiscités en expositions, a néanmoins induit un effet moins souhaitable sur le plan de la viabilité de la race : une diversité génétique réduite.
Vous pouvez suivre ce lien vers un article expliquant comment envisager la variabilité génétique d’une race (texte élaboré pour les chiens de race, mais totalement applicable aux chats).
Conséquences de cette parenté un peu trop proche sur l’ensemble de la race, certaines pathologies (immunodéficiences, cancers, intolérances alimentaires, etc…), mais aussi des tares génétiques (voir la page HCM) se sont peu à peu fixées sur la plupart des lignées, à un degré variable.
Les buts de l’Outcrossing
Pour pallier cette consanguinité sur les lignées (ou linebreeding), quelques éleveurs aux USA se sont attachés à créer de nouvelles lignées, dites de nouvelle fondation. Certains livres d’origine des USA acceptent encore les « ouvertures de sang », c’est-à-dire, l’inscription de nouveaux chats, non apparentés aux Maine Coons classiques, et répondant aux critères généraux du standard de la race. Ces chats, moins typés et moins imposants, permettent d’introduire de nouveaux allèles des gènes dans un patrimoine génétique qui « tourne un peu en rond ». En effet, les éleveurs de Maine Coons font souvent de la consanguinité sans le savoir… Cette possibilité de renouveler le patrimoine génétique de la race est un fantastique outil de sauvegarde d’une race magnifique qu’il serait dommage de voir disparaître par manque de lucidité…
En mariant ces chats de nouvelle fondation avec des chats de lignées traditionnelles, on obtient des chats outcross, qui permettent de casser la consanguinité directe (inbreeding) et sur la lignée (linebreeding).
Si on recense le nombre de chats à l’origine des Maine coons (lignées traditionnelles et nouvelles lignées), on arrive à un total d’environ 400 chats, ce qui est bien plus « confortable » pour la pérénité de la race !
Vous pouvez consulter la liste des chats fondateurs de la race.
Un chat Outcross, suivant ses taux de tops et de clones, est donc un chat qui permet de mettre en place un plan d’élevage à la consanguinité allégée, idéalement (mais difficilement réalisable) inférieure à 6%, toutes générations confondues.
Le brassage des allèles permet de sélectionner des chats au système immunitaire plus efficace, notamment dans le domaine des maladies infectieuses communes à tous les chats (qu’ils soient de race ou non), d’éradiquer petit à petit les éventuelles tares génétiques, et par le jeu de mariages judicieux, de retrouver un look (type et gabarit) harmonieux.
L’élevage Outcross se définit aussi par un souci constant de varier ses mariages, de ne pas diffuser trop de chatons en élevage afin de ne pas re-créer de nouveaux « Top », et permettre un renouveau régulier du patrimoine génétique de la race.
En pratique, il est courant d’estimer qu’un étalon a assez produit de chatons lorsque 20 à 30 chatons sont nés. Cet étalon est alors « mis à la retraite », et peut profiter d’une vie agréable loin des soucis engendrés par une constante recherche de paternité!
Les filles et fils de cet étalon sélectionnés pour la reproduction prenant alors la relève, pour diffuser ses qualités.
L’Outcrossing est donc une méthode d’élevage en constante évolution, dominée par une recherche permanente de variabilité génétique, mais aussi basée sur une notion qui tient à cœur aux éleveurs: bâtir une ou des lignées, à partir de ses propres mariages, que l’on va suivre sur plusieurs générations (ce qui implique aussi une réelle collaboration entre éleveurs qui travaillent les mêmes lignées, afin d’avoir un suivi santé sur les parents, grand-parents, oncles/tantes, cousin(e)s, descendants…etc). Il s’agit donc d’un investissement dans le temps, d’un travail qui s’inscrit dans la durée, malgré les contraintes évidentes de l’élevage au quotidien – voir article être éleveur).
Les limites de l’Outcrossing
L’Outcrossing ? c’est simple alors !
Un brave « gougoutte », de préférence américain, marié à un Maine Coon, et hop !
Voilà tous les problèmes envolés !
Pas si sûr… car il y a outcross et… outcross !
Dans une définition stricte, un chat outcross doit remplir au moins l’une des conditions suivantes :
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50% ou moins des top 5 (moyenne 65-70%) ou
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35% ou moins des top 3 (moyenne 50-55%) ou
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25% ou moins des top 2 (moyenne 35-40%) ou
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20% ou moins des clones (moyenne 30-35%)
Lorsque ces valeurs sont supérieures, il ne présente plus qu’un intérêt limité dans un plan d’élevage visant à réduire, sur le long terme, la consanguinité présente dans la race.
En effet, par le jeu de mariages avec des chats de lignées traditionnelles, on retrouve vite des taux habituels (70% de Top 5 et 40% de Clones), et c’est donc un coup d’épée dans l’eau.
Il arrive aussi de trouver des chats « outcross » présentés « astucieusement » sous l’appellation de F3, F4, F12 (???).
Petite explication sur ces Fx (qui n’ont rien avoir avec des bolides de Formule 1) : un chat F1 est un chat de nouvelle fondation, qui n’a aucun lien de parenté avec les Maine Coons classiques, c’est-à-dire 0% de Tops et 0% de Clones.
A partir du F2, des chats dont la construction du pedigree est radicalement différente peuvent prétendre à cette appellation, sans que cela recouvre une réalité génétique homogène. En effet, deux chats F1 mariés ensembles (ce qui n’est pas forcément souhaitable du point de vue du type) engendreront des chatons dits F2 (pour 2ème génération).
Mais un chat de lignées traditionnelles marié à un chat F1 donnera aussi des chatons F2 ! Sauf que dans ce dernier cas, et suivant les taux du pedigree du chat de lignées traditionnelles, on obtiendra des chatons dont le % de Clones pourra déjà atteindre 20% par exemple. Que dire du chat F12 ? C’est une utopie, il a déjà toutes les caractéristiques du patrimoine génétique du Maine Coon habituel. Il pourra donc être utilisé comme un chat de lignées classiques, mais certainement pas dans le but de réduire la consanguinité sur la lignée.
Petite parenthèse sur les chats de nouvelle fondation: le travail de l’éleveur qui s’attelle à cette construction courageuse de nouvelles lignées, ne consiste pas à récupérer dans la rue le premier chat croisant son chemin, et de décider qu’il sera le point de départ de sa chatterie. Il faut une réelle maîtrise de la génétique des populations, beaucoup de place et d’énergie, une aptitude à sélectionner les meilleurs chatons qui seront les futurs reproducteurs et apporteront un réel bonus pour la race ; une sélection sur la santé aussi: cœur, reins, hanches, maladies infectieuses communes à tous les chats, rien ne doit être laissé au hasard. Le tempérament est également un point essentiel. En effet, il est primordial de conserver ce critère caractéristique du Maine Coon : une extrême gentillesse sous des allures de fauve.
Tout ceci fait que l’élevage de nouvelles fondations est un travail de longue haleine, et que ces éleveurs seront très exigeants sur les motivations et les références des éleveurs qui souhaiteront travailler avec eux.
Vous pouvez suivre un lien vers un exemple de sélection de chats de nouvelle fondation.
Dernière précision : un chat Outcross n’est pas une « baguette magique ». Quel que soit son potentiel, il ne pourra pas forcément « gommer » tous les problèmes de santé et/ou de fertilité du partenaire qu’on lui aura choisi. Il faut aussi savoir remettre en question son plan d’élevage si des problèmes récurrents aux conséquences lourdes « plombent » sa chatterie.
Sélection, encore et toujours, en tenant compte de la santé et de l’harmonie des chats, c’est tout de même le but premier de l’éleveur (ou ça devrait l’être)…
En suivant ce lien, vous pouvez trouver une liste d’éleveurs travaillant avec des chats outcross.
Quid des fameux 200 chats du départ ?
Que sont-ils devenus, ces chats qui apportaient un autre patrimoine génétique? Certains ont été incorporés dans les autres lignées, et sont maintenant tellement dilués qu’on ne peut pas prétendre que leurs descendants soient réellement intéressants dans un but de diversité génétique.
Quelques (rares) éleveurs ont résisté à cet engouement pour les chats de Heidi Ho. Ils ont continué à travailler avec d’autres lignées, mais il en reste peu (et oui ! les éleveurs aussi prennent leur retraite). Il est urgent de les réintégrer dans les plans d’élevage actuels, afin de ne pas perdre des chats qui peuvent présenter des taux de clones inférieurs à 20% et moins de 25% de Top2 (Bridget Katt et Andy Katt of Heidi Ho).
D’où leur intérêt en tant que chats dits Outcross, et pour un brassage génétique salutaire.
(Source : Cooncept)